Sans la photographie, le libre-échange des marchandises, tel que le capitalisme l’a développé depuis 200 ans, serait juste impensable. Deux cents ans, c’est d’ailleurs aussi l’âge approximatif de la photographie. Et à l’ère des ventes sur Internet, une suite des ventes par catalogue, ce constat ne peut que gagner en importance. L’exposition FÉTICHISMARCHANDISE réunit trois artistes, Annette Kelm (*1975), Stephanie Kiwitt (*1972) et Ricarda Roggan (*1972), dont le travail interroge – partiellement ou principalement – la nature de la représentation des biens à consommer que le marché de l’économie capitaliste offre à ceux qui ont le pouvoir de les acheter en échange d’argent, qui n’est que la valeur de leur temps vendu à un entrepreneur. Au moment où l’un des pionniers du questionnement de la représentation de la marchandise, Christopher Williams, est célébré par le MoMA (New York), il nous semble pertinent de nous tourner vers la génération suivante. Les trois artistes invitées, qui vivent et travaillent à Berlin, Bruxelles et Leipzig, sont de 20 ans les cadettes de l’artiste américain. Elles traitent de façon critique, avec des approches bien singulières, ce qui incombe à la photographie dans cette lutte de séduction, de visibilité et de mise en lumière de la marchandise.
Le terme de « fétichisme » connaît, de façon générale, au moins trois champs d’application. Mis à part celui de l’anthropologie, il figure de façon centrale dans les théories de Marx et de Freud. Le CPG invitera durant l’exposition des théoriciens marxistes et freudiens pour offrir, sous forme de conférences, au public genevois une approche contemporaine d’un concept vieux de plus de cent ans.